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De la cristallographie à sa fille, la cristallochimie.

Un homme à l’origine : Jean Galy, un autre chimiste du solide. Fasciné à l’idée de résoudre des structures, il s’était provisoirement éloigné de Bordeaux, son laboratoire d’origine – bien avant que Grandjean ne nous prenne en main – pour apprendre la cristallographie auprès de l’école suédoise, celle des Hägg, Magnéli, et dans son cas, avec Sten Anderson. Non seulement il le fit, mais il apprit de Sten à savoir regarder une structure, à la fois dans ses moindres détails, mais aussi avec beaucoup de recul de manière à les décrire d’abord en termes d’assemblages de polyèdres de coordination, puis en cherchant la manière la plus simple, la plus mémorisable, de décrire ces architectures complexes. Il suivit en cela l’école de cristallochimie initiée par les visionnaires que furent Bruce Hyde (un élève de David Wadsley, trop tôt disparu), Mike O’Keeffe et Sten Anderson. Jean Galy compléta le quatuor. Ils avaient tout compris de l’organisation du solide, il y a déjà quarante ans. Ils en ont extrait des classifications raisonnées que beaucoup de nos jeunes collègues négligent aujourd’hui. Leurs livres sont toujours pour moi, même après tout ce temps, une source de méditation. Et je continue d’échanger avec Mike O’Keeffe…

C’est lui, Jean Galy, au travers de ses articles et des discussions passionnées que nous entretenons depuis quarante ans, qui m’a appris d’abord à m’extasier devant la beauté des édifices (je n’oublie jamais la fascination esthétique à laquelle la cristallographie m’a permis d’accéder… Que de relations entre les structures des solides et les oeuvres d’Escher et de Vasarely par exemple!...), mais aussi à extraire des idées chimiques de la contemplation de ces structures. La cristallographie n’était déjà plus une fin en soi, mais une source de créativité ultérieure pour les chimistes que nous étions. La cristallographie aura été ma compagne, mais j’avoue que la cristallochimie aura été ma maîtresse… Et si j’ai pu, dans la dernière phase de ma carrière, faire progresser autant le domaine structural des solides poreux – c’est du moins la communauté qui le dit ! - ce n’est pas en accumulant jour après jour de nouveaux solides par la méthode d’essais et d’erreurs mais, au terme d’une réflexion cristallochimique approfondie, en imaginant au contraire la construction raisonnée des édifices cristallisés mésoporeux qui trouvent tant d’applications aujourd’hui dans les domaines de l’énergie, du développement durable et de la santé. Mais, avant d’en arriver là, que d’étapes…