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C'est avec la plus grande tristesse que nous annonçons le décès de notre cher collègue et ami Jean-Michel Kiat (1956-2018) dans l'après-midi du mardi 13 février 2018 après un mois de complications suite à une chirurgie cardiaque. On se souviendra toujours de Jean-Michel comme le lien entre cristallographie et matériaux de type ferroélectrique au travers de la caractérisation et l’analyse structurales fines (en particulier les affinements de type Rietveld) de ces matériaux en utilisant des techniques de diffraction des rayons X (laboratoire et synchrotron) et des neutrons.

Jean-Michel a soutenu son habilitation de l'Université Pierre-et-Marie-Curie en 1988 sur les états incommensurables et métastables du niobate de baryum et sodium et sur des orthophosphovanadates de plomb, sous la direction de Gilbert Calvarin. Ce travail en collaboration avec le CNET a été réalisé au laboratoire de Chimie-Physique du Solide à l'Ecole Centrale Paris (ECP) qu’il a rejoint en 1983 en tant que Chargé de Recherche au CNRS. En 1993, il devient également chercheur associé au Laboratoire Léon Brillouin à Saclay et rejoint Arsène Goukassov en charge du diffractomètre 4 cercles à neutrons thermiques (6T2). Il y co-développe l’instrument et devient local contact. En 1999, il est promu Directeur de Recherche au CNRS et prend la direction du laboratoire Structures, Propriétés et Modélisation des Solides (SPMS) à l'Ecole Centrale Paris (devenue récemment CentraleSupélec), réunissant autour de la diffraction trois différent laboratoires. Il reste 12 ans à la tête du SPMS et permet le rayonnement scientifique national et international de ce laboratoire.

Jean-Michel a mené des recherches sur la physique des transitions de phase dans les ferroélectriques ce qui inclut des phases incommensurables, les paraélectriques quantiques, les relaxeurs, les matériaux à piézoélectricité géante dits morphotropiques ou encore les matériaux multiferroïques ; et cela sous différentes formes que ce soit des poudres, monocristaux, films minces et épais, nanoparticules, structures core-shell ou encore des nanostructures plus exotiques comme des nanodonuts. Il a utilisé des techniques de diffusion de neutrons et de rayons X haute résolution in situ en fonction de la température, la pression ou un champ électrique. Son expertise cristallographique et l'analyse des données par affinement Rietveld ou le traitement de type Gram-Charlier par exemple lui ont permis de révéler de nombreuses caractéristiques structurales amenant à une meilleure compréhension des mécanismes des ferroélectriques (ordre et désordre polaire et chimique, frustration, fluctuations quantiques de point zéro, ….).
JMK anhar
Jean-Michel Kiat et al. J. Phys.: Condens. Matter 12, 8411 (2000)


Jean-Michel a aussi servi les communautés ferroélectriques et neutroniques en s'impliquant en tant que membre de comités et organisateur de conférences ou d'écoles (Comité International de l’EMF, « Ecole et Rencontres Rossat-Mignod » ou « Journées de la diffusion neutronique », ...).

Nous nous souviendrons de ses grandes qualités scientifiques, son enthousiasme, son amour pour le Japon, sa gentillesse, sa simplicité, et sa timidité bien que parfois caustique, ainsi que de l'atmosphère scientifique amicale et ouverte qu'il a créée autour de lui. Tout cela restera une source d'inspiration pour nous tous et pour longtemps.

Repose en paix maintenant, Jean-Michel.

Texte: Brahim Dkhil, Laboratoire Structures, Propriétés et Modélisation des Solides, Paris