Massimo Marezio, né le 25 août 1930, nous a quittés le 13 mai 2019 à Rome, emporté par la maladie mettant fin à une brillante carrière consacrée d’une part à la découverte et à l’étude cristallographique de nouveaux matériaux, en particulier des supraconducteurs à haute température critique, et d’autre part à la fédération des activités de recherche.
Après sa thèse dans le domaine de la chimie-physique à l’Université de Rome en 1954, M. Marezio entame ses recherches avec le professeur A. Cimino au département de chimie de l’Université de Rome. Il part ensuite en tant qu’assistant de recherche à l’Université de Chicago, d’abord dans l’Institut pour l’Etude des Métaux avec le professeur C.B. Walker (jusqu’en 1957) puis à l’Institut de Physique avec le professeur W.H. Zachariasen (jusqu’en 1959) où il apprend et s’illustre par l’étude cristallographique de nouveaux composés. Ses résultats lui valent d’être repéré et recruté en 1963 au « Bell Telephone Laboratory » dans le groupe de T.H. Geballe dans lequel B.T. Matthias, qu’il rejoint dès 1971, explore des voies originales de recherche de nouveaux supraconducteurs avec J. Remeika, D. B. McWhan.
Son année sabbatique de 1969 au Laboratoire de Physique du Métal du CNRS de Grenoble dirigé par Louis Néel et les contacts qu’il a noués alors avec les chercheurs grenoblois a été décisive pour la carrière de Massimo Marezio dont les qualités lui valent d’être recruté comme Directeur de Recherches au CNRS en 1973, au Laboratoire de Cristallographie dirigé alors par E.F. Bertaut. L’expérience de Massimo Marezio, ses idées et ses succès dans les domaines de la synthèse et de l’étude cristallographique de nouveaux matériaux et ses qualités d’animateur scientifique lui permettent de développer les moyens techniques et en personnel du laboratoire, et d’être unanimement apprécié. C’est ainsi qu’il en devient naturellement le directeur de 1982 à 1990 après le départ en retraite de E.F. Bertaut. M. Marezio met à profit la découverte des supraconducteurs à haute température critique en 1986, pour développer les moyens de synthèse (notamment synthèse sous pression), de microscopie électronique et de cristallographie de nouvelles phases supraconductrices. Il réunit les compétences de Caen (B. Raveau) et de Grenoble à l’ILL (A. Hewat) et au CNRS pour déterminer la structure de YBCO dans un travail très cité.
Les interactions qu’il maintient entre CNRS et les ATT Bell Laboratories entre 1986 et 1995, notamment avec R. J. Cava, sont très positives et fructueuses dans une période de forte compétition. C’est grâce aux interactions qu’il a nouées avec les chercheurs de l’Université de Moscou (E.V. Antipov et S.N. Putilin) que les premiers éléments de la famille des cuprates au mercure ont été synthétisés sous pression à Grenoble. Le record de haute température critique 165K a été déterminé sous haute pression (20GPa) simultanément à Houston et Grenoble dès 1993.
En parallèle, M. Marezio a été un acteur majeur de l’implication du Laboratoire de Cristallographie et de la communauté scientifique grenobloise auprès de l’ESRF. Il a également pris une part importante dans le développement de la cristallographie au niveau local, en dirigeant le DEA « Matériaux », et national en présidant l’Association Française de Cristallographie de 1990 à 1993 et en étant coéditeur de plusieurs revues scientifiques. Jusqu’à son départ à la retraite en 1996, Massimo anime et oriente les recherches sur les supraconducteurs à haute température critique au CNRS.
Mais le mot « retraite » n’a pas de sens pour un travailleur aussi passionné que Massimo qui est invité en 1996 par le Consiglio Nazionale delle Ricerche (CNR) en Italie en qualité d’expert scientifique – un statut attribué exclusivement à des personnalités scientifiques exceptionnelles comme les Prix Nobel Guglielmo Marconi et Rita Levi Montalcini – sous indication de Lucio Zanotti, alors directeur de l’Istituto de Materiali per l’Elettronica e Magnetismo (IMEM), et Francesca Licci à Parme. Durant sa mission à Parme (1996-2001), Massimo a monté une nouvelle activité de recherche sur la synthèse de nouvelles phases métastables sous haute pression, porté un projet national du CNR sur les applications industrielles de la supraconductivité et s’est consacré à la fédération des recherches sur les matériaux et les applications des supraconducteurs au niveau éuropéen dans le cadre du réseau thématique SCENET (Superconducting European Network) financé par la Commision Européenne. Ce réseau, qui regroupait environ 60 laboratoires académiques et 30 laboratoires industriels, a permis une meilleure coordination des activités de recherche dans le domaine de la supraconductivité et de ses applications grâce à l’activité régulière de groupes de travail et de colloques thématiques. Cette activité a également contribué à souder les liens de la communauté européenne de la supraconductivité et à former une nouvelle génération de chercheurs grâce à l’organisation d’une série d’écoles d’été. Revenu à Grenoble en 2002, Massimo a continué de diriger le réseau SCENET et de mener ses recherches sur des nouvelles phases supraconductrices depuis le CRETA-CNRS jusqu’à 2006.
Les interactions qu’il maintient entre CNRS et les ATT Bell Laboratories entre 1986 et 1995, notamment avec R. J. Cava, sont très positives et fructueuses dans une période de forte compétition. C’est grâce aux interactions qu’il a nouées avec les chercheurs de l’Université de Moscou (E.V. Antipov et S.N. Putilin) que les premiers éléments de la famille des cuprates au mercure ont été synthétisés sous pression à Grenoble. Le record de haute température critique 165K a été déterminé sous haute pression (20GPa) simultanément à Houston et Grenoble dès 1993.
En parallèle, M. Marezio a été un acteur majeur de l’implication du Laboratoire de Cristallographie et de la communauté scientifique grenobloise auprès de l’ESRF. Il a également pris une part importante dans le développement de la cristallographie au niveau local, en dirigeant le DEA « Matériaux », et national en présidant l’Association Française de Cristallographie de 1990 à 1993 et en étant coéditeur de plusieurs revues scientifiques. Jusqu’à son départ à la retraite en 1996, Massimo anime et oriente les recherches sur les supraconducteurs à haute température critique au CNRS.
Mais le mot « retraite » n’a pas de sens pour un travailleur aussi passionné que Massimo qui est invité en 1996 par le Consiglio Nazionale delle Ricerche (CNR) en Italie en qualité d’expert scientifique – un statut attribué exclusivement à des personnalités scientifiques exceptionnelles comme les Prix Nobel Guglielmo Marconi et Rita Levi Montalcini – sous indication de Lucio Zanotti, alors directeur de l’Istituto de Materiali per l’Elettronica e Magnetismo (IMEM), et Francesca Licci à Parme. Durant sa mission à Parme (1996-2001), Massimo a monté une nouvelle activité de recherche sur la synthèse de nouvelles phases métastables sous haute pression, porté un projet national du CNR sur les applications industrielles de la supraconductivité et s’est consacré à la fédération des recherches sur les matériaux et les applications des supraconducteurs au niveau éuropéen dans le cadre du réseau thématique SCENET (Superconducting European Network) financé par la Commision Européenne. Ce réseau, qui regroupait environ 60 laboratoires académiques et 30 laboratoires industriels, a permis une meilleure coordination des activités de recherche dans le domaine de la supraconductivité et de ses applications grâce à l’activité régulière de groupes de travail et de colloques thématiques. Cette activité a également contribué à souder les liens de la communauté européenne de la supraconductivité et à former une nouvelle génération de chercheurs grâce à l’organisation d’une série d’écoles d’été. Revenu à Grenoble en 2002, Massimo a continué de diriger le réseau SCENET et de mener ses recherches sur des nouvelles phases supraconductrices depuis le CRETA-CNRS jusqu’à 2006.
Le travail de Massimo Marezio, empreint à la fois de créativité et d’une grande rigueur scientifique, est marqué de nombreuses publications (plus de 300) et de résultats qui font toujours autorité et lui valent une très large reconnaissance internationale. Il a formé de nombreux doctorants, dont quatre sont actuellement Directeurs (-trices) de Recherche à l’Institut Néel. La liste de ses travaux ne traduit cependant que partiellement l’importance de son activité, qui a surtout été marquée par ses qualités humaines et sa capacité à réunir les compétences requises pour des avancées décisives.
Massimo Marezio nous laisse le souvenir d’un homme de grande gentillesse, à l’écoute de chacun, faisant preuve d’une large ouverture d’esprit qui a su insuffler des idées nouvelles.
J.-L. Tholence, A. Gauzzi et P. Bordet (mai 2019)