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nobel2012

Le prix Nobel de Chimie vient de récompenser Brian Kobilka, biochimiste à l’Université de Stanford en Californie, pour une structure cristallographique hors du commun qu’il a publiée en 2011 dans Nature.

 

 
 

Cette structure permet d’observer pour la première fois comment une protéine de la famille des récepteurs « GPCR », qui se logent dans la membrane entourant les cellules et reçoivent des signaux venus de l’extérieur, transmet l’information vers l’intérieur de la cellule en s’associant à des protéines de la famille des « protéine G ». Ce phénomène est fascinant : il nous permet de détecter la lumière, de reconnaître des odeurs ou de réagir à des hormones ou à des neurotransmetteurs. C’est aussi par l’intermédiaire de ces protéines qu’agissent de nombreux médicaments. Mais les observer à l’échelle atomique tenait du rêve inaccessible: trop compliqué, trop insoluble, trop flexible, comment cristalliser un objet pareil? Brian Kobilka, avec une détermination touchant à l’obsession, a gagné du terrain années après années dans cette quête de l’impossible. Un parcours du combattant de plus de deux décennies qui lui a finalement permis de capturer le tandem récepteur/protéine G en pleine action. Il faut lire le témoignage de ce travail de cristallisation pharaonique: c’est aussi passionnant que la structure elle-même. Dans une interview donnée à Nature peu de temps après la publication de son article, Brian Kobilka tente d’expliquer ce qui l’a captivé ainsi pendant plus de 20 ans : « Je ne sais pas. J’étais simplement fasciné par ces protéines. Je voulais savoir comment elles marchaient ». C’est chose faite. Ce prix Nobel, partagé avec l’américain Robert Lefkowitz pour la découverte des GPCRs, distingue une nouvelle fois la cristallographie des protéines. Il rend ainsi hommage à une recherche fondamentale qui se nourrit de curiosité, de passion et de durée.

Rédaction : Jacqueline Cherfils