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Paris, décembre 1934, au café le Cyrano une petite bande d’étudiants s’esbaudit autour de quelques fèves ramenées du Mexique par l’un d’entre eux. Les « haricots » sautent sur la table dans une danse de Saint Guy inextinguible.

 

- C’est l’essence du merveilleux ! ça déconcerte la raison ! s’exclame André Breton devant sa Cour d’admirateurs avides de capter jusqu’aux plus insignes des émotions du pape du surréalisme.

- Il n’y a rien de déconcertant la dedans, s’exclame Roger Caillois quelque peu agacé par ces enfantillages, il suffit de couper la fève, on y verra le ver en mouvement !

- Sacrilège ! …Anti lyrique…

 

La nuit même, Roger Caillois (1913-1978), alors membre du mouvement surréaliste (plus tard créateur du collège de sociologie avec Georges Bataille et Michel Leyris) envoyait à Breton sa lettre de démission qui deviendra d’ailleurs la préface du « Procès intellectuel de l’art ».

 

Cette controverse est révélatrice d’attitudes divergentes face à l’inexpliqué : en protéger le mystère comme amplificateur du merveilleux ou tenter de le comprendre. Caillois quittait le groupe surréaliste en expliquant « l’irrationnel soit, mais j’y veux d’abord la cohérence ».

 

Tenant d’une ligne scientifique, promouvant ce qu’il appellera les « sciences diagonales » ou « obliques » afin de « compenser le découpage parfois dangereusement parcellaire des différents domaines de recherche par des coupes transversales dans le savoir », il constituera, pourtant, comme autant d'antidotes des talismans disparates, une exceptionnelle collection de cristaux et minéraux (conservée aujourd’hui au Museum National d’Histoire Naturelle): objets insolites, images déroutantes. La contemplation des pierres : « Pierres, archives suprêmes, qui ne portez aucun texte et qui ne donnez rien à lire... », lui procure ce qu’il nomme les « embellies de l’âme ».

 

Caillois, explorateur et comptable, tente d’inventorier et de classer l’univers à la recherche d’une syntaxe ou d’un principe fondamental comme la dissymétrie, proposant en 1962, dans une démarche analogue à celle de Mendeleïev, de rédiger sa table périodique des éléments : une Esthétique généralisée.

 

Il constatera grâce entre autres aux cristaux, que, comme il le supposait en face des « haricots sauteurs », il y a une cohérence de l’irrationnel et une logique de l’imaginaire.

 

Doc et Biblio partielle

 

- http://www.ina.fr/video/I05244626 (relation par Caillois de son différent avec Breton)

- http://www.ina.fr/video/CPF87007364 (Caillois y parle de sa passion des cristaux et des pierres)

- Esthétique généralisée, Gallimard, Paris, 1962

- Pierres, Gallimard, 1966, repris dans la collection « Poésie » ;

- L'Écriture des pierres, Skira, collection « Les Sentiers de la création », 1970, repris dans la collection « Champs », Flammarion.

- Pierres réfléchies : gravures de Raoul Ubac, Éditions Maeght, 1975 , ill. par Christiane Vielle, Les Bibliophiles de France, 2004 La dissymétrie, Gallimard, Paris, 1973

- La dissymétrie, Gallimard, Paris, 1973